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Covid-19 : Les chiens peuvent détecter les personnes infectées

Le 11 août 2020 , mis à jour le 28 juin 2021 - 7 minutes de lecture
chien qui détecte le coronavirus

La puissance du flair canin n’est plus a prouver, avec ses 200 millions de cellules olfactives contre seulement 5 millions chez l’homme, il est capable de déceler d’infimes informations olfactives qu’aucun procédé physico-chimique, aucun « nez artificiel », ne peut encore égaler. Une équipe du CNRS oriente donc ses travaux vers l’utilisation du chien pour lutter contre l’émergence de nouveaux foyers d’infection. Un chien pourrait tester 200 personnes en moins d’une heure !

Les chiens renifleurs sont communément utilisés pour découvrir des armes, des explosifs, de l’argent, de la drogue, des punaises de lit, des personnes sous les décombres… Plus récemment on a pu vérifier leur capacité de détecter les personnes touchées par le cancer, la maladie de parkinson ou encore le paludisme.

 

Alors en pleine épidémie, pourquoi pas leur faire détecter les cas de coronavirus avec leur odorat exceptionnel ? C’est en tout cas le pari de Philippe Choquet, enseignant-chercheur au CHU de Strasbourg et au Laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie (ICube).

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Lorsque ses chiens sont entraînés, peuvent-ils repérer les porteurs de la Covid-19 ?

COVIDOG, c’est le projet qu’on lancé en association nos trois chercheurs qui sont Philippe Choquet, Yves Raymond, chercheur au même laboratoire et professeur à l’Ecole de Chimie de Strasbourg (ECPM), Christophe Ritzenthaler, directeur de recherche au CNRS et virologue à l’Institut de biologie moléculaire des plantes du CNRS, toujours à Strasbourg. Le projet est déjà bien avancé, mais des financements sont nécessaires pour le pousser à bout.

L’équipe de recherche commencera pas isoler l’odeur de la maladie. En effet, les cellules infectées ne diffusent pas la même signature olfactive que les cellules saines explique Christophe Ritzenthaler. Cette différence pourrait constituer la base de ce que le chien pourrait apprendre à reconnaître.

Les chiens sont entraînés durant 6 semaines, (principalement des border collie et des bergers allemands).

Comment présenter l’odeur du virus au chien sans l’exposer aux maladies ?

Un dispositif a été inventé par une startup Strasbourgeoise Biodesiv. Ce sont des tubes spécialement conçus pour l’entraînement du chien. De cette manière, les chiens et leurs tuteurs ne sont pas exposés au virus et peuvent s’entraîner sans risque de contamination.

L’entraînement des chiens fait appel à des spécialistes embrigadés par le Dr Nathalie Simon, experte du comportement canin, et a déjà contacté deux maîtres-chiens dans les rangs des sapeurs-pompiers.  « Ce sont des gens au top de leur profession », assure Philippe Choquet. L’entraînement des animaux de compagnie, en l’occurrence des border collie et des bergers allemands, durera environ six semaines.

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À l’issue de ce protocole d’entrainement, on saura si cette méthode de détection est suffisamment sensible et spécifique. Sensible, car on s’assure les chiens sont capables d’identifier des porteurs du virus même si ceux-ci ne présentent que peu ou pas de symptômes des maladies concernées. Spécifique, car l’on doit bien s’assurer que le chien réagisse à la Covid-19 et seulement à cela.

Il serait dommage de rater son avion parce qu’un chien vous a pointé du museau à cause d’un rhume ! Si les financements répondent à l’appel et si la méthode s’avère efficace, alors viendra l’étape de mise en œuvre dans les aéroports.

Faudra-t-il se laisser renifler par les chiens dans les aéroports? Faudra-t-il souffler dans un ballon qui sera présenté aux canidés ? Voilà des questions qui se poseront dans un deuxième temps. « Notre but est de faire la preuve de concept et de proposer un protocole d’entraînement des chiens. Si ça marche, ce sera aux autorités de décider comment mettre en place et diffuser la méthode », précise Philippe Choquet.

Si cette méthode de détection canine fonctionne pour le coronavirus, peut-elle s’appliquer aux autres virus ?

« Cette méthode pourrait être une révolution dans de nombreux domaines », avance Yves Rémond. « On peut imaginer de l’appliquer à d’autres virus, aux virus hépatiques par exemple, ou à la tuberculose ». De plus, si une nouvelle épidémie se déclenchait, on pourrait disposer en quelques semaines de chiens de détection pour ce nouveau pathogène.

Autre hypothèse : les chiens de détection pourraient nous aider à mieux combattre les épizooties. On se rappelle que la grippe aviaire de 2004 a conduit, par mesure de précaution, à l’abattage de 150 millions de volailles en Asie. De même, 5 millions de cochons ont été sacrifiés en Chine en 2019 à cause de la peste porcine. « On peut imaginer que grâce cette technique, on ne sacrifiera que les animaux atteints », ajoute Yves Rémond. Et déjà, les chercheurs se prennent à rêver d’une grande banque d’odeurs où les volatilomes de tous les pathogènes qui nous menacent seraient stockés dans des tubes, prêts pour l’entraînement des chiens renifleurs.

Une autre étude à Maisons-Alfort, entraîne des Bergers malinois à l’identification du coronavirus avec un taux de réussite de 95% !

L’école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort a peut-être trouvé un système beaucoup plus rapide. Il utilise l’odorat de bergers malinois pour identifier le virus. Les premiers résultats sont impressionnants.

La truffe des malinois surpasserait de loin les tests traditionnels de dépistage du coronavirus. Pour le vérifier, les auteurs de cette étude ont disposé des cônes de métal, des bocaux contenant des tampons de ouate imbibés de sueur, l’un d’une personne saine, l’autre d’un malade du Covid-19. Et dans 95% des cas, les chiens sont capables de détecter l’odeur du virus.

“Là où on en est aujourd’hui, on peut dire qu’il y a une odeur spécifique de la sueur des patients qui sont Covid positifs, donc des gens qui sont porteurs du virus”, explique aux caméras de TF1 Dominique Grandjean, professeur de l’école nationale vétérinaire.

Seulement 4 à 5 jours pour mémoriser l’odeur…

Ce type de chien pompier qui habituellement est utilisé pour retrouver des personnes disparues, est mis à l’épreuve pour mémoriser le virus, et pour lui c’est les “doigts dans le nez” si j’ose dire, en effet, il ne faut que quatre à cinq jours à l’animal pour en retenir l’odeur. “On a des chiens qui font bien la différence entre les deux, néanmoins il nous faut encore beaucoup de travail, beaucoup de prélèvements pour avoir un taux de fiabilité qu’on puisse exprimer”, reconnaît l’adjudant-chef Eric Gully.

Des travaux similaires sont aussi menés au Royaume -Uni…

Les scientifiques britanniques aussi vont tenter de dresser des chiens pour détecter le nouveau coronavirus et repérer les personnes malades, a annoncé une association spécialisée. L’association Medical Detection Dogs a expliqué travailler en ce sens avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) et l’université de Durham.

Les trois partenaires “ont entamé des préparatifs pour entraîner intensivement des chiens afin qu’ils soient prêts en six semaines à fournir un diagnostic rapide et non invasif”. Ils ont également contacté le gouvernement pour lui expliquer comment le meilleur ami de l’homme pourrait s’avérer un allié précieux dans la lutte contre la pandémie.

Pistes à flairer de très près…

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